Dès lors que l'on voyage un peu, et si tant est que l'on se rende dans des régions financièrement déshéritées du monde, nous nous trouvons face à un choix : élargir nos cadres de pensée ou faire l'autruche.
Pour ma part, j'ai vécu une prise de conscience lorsqu'en pérégrinant en brousse du Brukina Faso, j'arrivais dans un village.
Les adultes me regardaient, se demandant ce que je faisais-là.
Puis je fus invité à prendre le thé chez plusieurs d'entre eux, ces pauvres parmi les pauvres.
C'était un événement dans le village, on se précipitaient en rigolant pour voir "le blanc".
Une température de fournaise...
On m'invita aussi à aller rendre visite au sage du village.
Dans sa case il n'y avait rien d'autre qu'une jarre pour l'eau et des tasses pour le thé. Mais là encore, il aurait été dangereux pour moi de boire de cette eau.
Une fois nos prénoms échangés et le non verbal épuisé à raconter la suite, il m'invita à rester là le temps que le soleil passe. Puis le vieil homme s'est levé et il est sorti pour revenir quelques instants après.
Il rentra en tenant par les pattes attachées une poule vivante.
Il me la tendit et me fit comprendre que c'était pour moi et impossible de refuser.
Lui, le pauvre d'entre les pauvres, venait de m'offrir certainement l'unique chose qu'il possédait. L'une de ses quatre ou cinq poules.
A l'échelle d'un François Pinaud, il venait de m'offrir des centaines de millions d'euros.
Dans une autre case, une mère tenait son bébé dans les bras. Totalement dénutri.
Choqué.
Et si...
Et si au lieu de rester dans les schémas qui m'ont forgé, une partie des ressources que je génère je la transmettais à des gens qui en manquent ? Comme ça, sans même avoir besoin de les connaître, juste parce qu'on est nés sur la même planète.
Parce qu'une chose est sûre, c'est que la pire de toutes les pandémies c'est la misère. Elle a d'ailleurs infecté 2,8 milliards de personnes dans le monde, qui aujourd'hui à cause d'elle survivent avec moins de 1,70 dollar par jour.
Je ne vais pas changer la face du monde avec mon association, l'humanitaire n'est même pas ma vocation première. Je ne suis pas un sauveur et je suis encore trop matérialiste pour offrir une poule entière.
Mais si je peux faciliter un peu l'existence de seulement quelques personnes, ce sera déjà ça.
Et si sur place, avec mes savoir-faire thérapeutiques je peux également aider d'autres personnes à se sentir mieux, alors ce sera encore mieux. Ca ne coûte même rien à l'association, c'est juste un peu de temps, des sourires, des souvenirs et des photos.
Et si tout le monde essayait de faire un petit quelque chose? Quel que soit le moyen, ce serait encore, encore mieux.
En fait ce serait le miracle.
Parce qu'une petite goutte d'eau plus une autre petite goutte d'eau...